Le loir et le perroquet
Les hérissons
Le pelou et le iench
Les agapes de l’araignée
Livre Second (2012) - 19 fables – 10€
LES HÉRISSONS Il fût un temps où les rigueurs hivernales ne laissaient pas de choix à la gente animale. Seuls les plus vigoureux résistaient aux frimas ou les malins conscients qu’on peut survivre en tas. Les hérissons, bien sûr, suivirent cette idée-là voyant les leurs, par dizaine, passer à trépas. «Aïe, aïe, aïe mais aïeuh !» s’écrit soudain l’un d’eux. «C’est assez insensé d’être ainsi transpercé. Ce ne sont des façons, frères et soeurs hérissons. Ca ne me sied d’être serrer de la sorte, cessez céant ou craignez que je ne sorte, car je ne puis sous couvert de chaleur endurer plus encore vos piqures de malheur !» Paroles de hérisson valent leur pesant. Ne pas les prendre à la légère car, ce faisant, fusse-t’il prit de quelque folie passagère, il partit, abandonnant ses congénères. «Adieu, monde cruel ! Je cède la place. Sitôt sorti, sitôt saisi ! ... Mon sang se glace. Oui ! Bientôt va me trépasser dessus... la mort. Que n’ai-je tant vécu que pour ce triste sort ? C’est sans issue... je rends mon ultime soupir... mon décès est irréversible... j’expire... Être ou ne pas être ? Telle est la question...» qui resta sans réponse après congélation. Les hérissons estimants que la mort des leurs était insupportable reprirent sur l’heure une réplique antique d’un antique porc-épic : «Amis, quand nos piquants savent être perçants ils peuvent tout autant se rendre caressants. Sachant qu’au fond de nous siègent les deux versants, au nom du bien commun soyons compatissants. L’être ou ne pas l’être, ce choix vous appartient mais votre sort m’importe car il est lié au mien.»