Quatre saisons en enfer
Profond sommeil de loir
Un lion chez La Fontaine
Le bousier & la carpe
Livre Troisième (2012) - 20 fables – 10€
PROFOND SOMMEIL DE LOIR Ah ! que bien douce soit la paix au sein de Dame Nature Mais faisons montre d’irrespect, l’on en paiera la facture. Il était donc en son terrier un loir vaquant à son repos, Que l’on ne songeait réveiller, ce serait bien maltapropos. Hors de son antre, les bêtes cessèrent un jour tout compromis, N’ayant qu’une seule idée en tête : satisfaire leurs appétits. Et chacun à sa manière s’impose aux autres désormais. Pendant ce temps, dans sa tanière, le petit loir, confiant, dormait. Ce fut d’abord le sanglier, désirant bauge plus large Qui, sans plus se faire prier, dans le cours d’eau, pris sa marge. Le castor, lui, prit ombrage, dans la forêt s’accaparant De quoi construire un barrage, ce qui déplût aux habitants. Le hibou hulula plus fort, le coucou en déménagea. La pie arriva en renfort. Bref, la gente ailée s’insurgea. Profitant des nids à terre, le renard dévora les œufs. Pendant ce temps, dans sa tanière, le loir ronflait comme pas deux ! Excédés par ce barrage, les oiseaux se regroupèrent Et pour répondre à l’outrage, déféquèrent dans la rivière. Puis sous leurs assauts répétés, l’écluse cède alors de l’eau Qui se répand dans la contrée, mouillant même un certain caveau Dont l’occupant s’était blotti, plus au fond, pour s’en protéger, Murmurant vers les clapotis : « tout va bien, ça va s’arrêter ! » Pendant ce temps, nos chers noceurs persévéraient leur comédie. La bière perdue d’un chasseur provoqua même un incendie. Tapi au fond de sa tanière, le loir avait les pieds mouillés. « Mais ne faisons tant de manière : tout va bien, ça va s’arrêter ! » l’eau continuait à monter. Notre loir presqu’ immergé avait de l’eau jusqu’à …son nez : « Tout va bien, ça va s’arrêter ! » C’est alors que soudain surgit, dans l’ouverture de son abri, Un bien providentiel ami. Bien sûr : le fameux colibri, Qui, depuis la montée des eaux, écopait tout du mieux qu’il puisse. Le loir n’aurait fait de vieux os sans cette aide salvatrice. « Je veux bien faire ma part, l’ami, mais lèves-toi et sors dehors car ton sommeil a permis à d’autres de régler ton sort. »